Le néolitique au Sahara

Les sites néolithiques se comptent par centaines au Sahara, tant dans les massifs que dans les plaines. Les explorateurs se sont étonnés très tôt de la profusion des pointes de flèches.

Le Néolithique "Saharo-soudanais".

G. Camps utilise le terme "Saharo-soudanais" pour désigner ce néolithique. Ses racines profondes plongent dans une tradition saharienne et soudanaise.Il est composé d' une multitude de faciès culturels qui met en évidence très tôt la mosaïque du peuplement saharien. Deux cultures sont plus particulièrement connues : les faciès ténéréen et bovidien, qui peuvent être vus comme les deux termes d' une transhumance d' altitude.

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Le Ténéréen.

Ce faciès tire son nom du Ténéré où les hommes ont vécu sur les rives du fleuve Tafassasset entre les massifs de l' Aïr et du Tibesti, on trouve une forte concentration de sites sur la bordure est du massif de l' Aïr, notamment dans le secteur d' Areshima. Les gravures du kori Tanakom peuvent être rapportées à cette période. Les datations effectuées sur ces sites se situent entre 5 000 et 4 000 BP. Il est bien connu depuis la mission Berliet-Ténéré-Tchad en 1960.Les vestiges de ces Ténéréens sont nombreux, notamment des outils en pierre : meules, disques et haches à gorge.Certaines meules ont des formes parfaites et portent parfois des décors et des encoches sur les bords, comme si on les avait attaché pour des déplacements à dos de bêtes.La hache à gorge est un autre outils caractéristique du ténéréen. Elle est généralement lourde et ressemble à une vraie sculpture. La gorge constitue une sorte d' étranglement destiné à recevoir le lien qui la maintient au manche.Les pasteurs ténéréens étaient aussi des chasseurs comme le prouvent les nombreuses pointes de flèches et de lances que l' on retrouve. Ces pointes sont le plus souvent taillées dans une roche silicieuse de grande qualité, le jaspe vert, ce qui explique la perfection des formes.

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Le Bovidien.

Le bovidien occupe le plateau du tassili N' Ajjer ainsi que la haute vallée du Tafassaset et l'erg Admer. Les pasteurs appréciaient les conditions des plaines, mais se rendaient aussi sur le plateau pour y faire pâturer les troupeaux, célébrer leurs cérémonies religieuse et peindre les parois des abris. Les pasteurs bovidiens ont ainsi laissé des traces de leurs cultures matérielles dans les abris sous roche du plateau.Les bovidiens lors de leurs séjours sur le plateau se sont installés dans des abris dont ils ont renforcé les bords par des enceintes de pierres. Ils ont aussi barré les couloirs naturels des forêts de pierres pour y parquer leurs troupeaux.Parfois se sont de véritables enceintes fortifiées qui protègent l' espace occupé par les hommes et les bêtes. Deux de ces sites remarquables se trouvent sur le plateau de Tadjelahine : Akraren et Tehount Tehort. Ils présentent tous les deux la particularité de se trouver sur des crêtes qui dominent les oueds voisins et offrent ainsi des d' intéressantes possibilités de défenses.

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Tehount Tehort
Tehount Tehort
Les fortifications.
La cueillette est un important appoint, notamment celle des graminées sauvages. On retrouve du matériel de broyage en quantité, meules et molettes sur le sol des terrasses.On trouve souvent à proximité des sites des concavités creusées dans la pierre, des sortes d' auge de grandeurs variables. Certains auteurs les ont considéré commes des meules dormantes et leur nombre a amené la question d' une proto-agriculture dans le Sahara.Cependant beaucoup de ces graminées peuvent être consommées sans être broyées. Les graines sont fines et sont souvent cuites sans être broyés.En fait ces concavité ont eu des fonctions multiples et ont servi à broyer des produits de différentes natures : ocre, viande, cuir ... Ces auges ont pu aussi avoir un lien avec des pratiques rituelles. En effet certaines sont trop profondes pour y broyer quoi que soit. Aujourd'hui encore les auges servent de réceptacles à des offrandes alimentaires après qu' on les ait frotté à l' aide d' une molette.Il y a 8000 ans on cueillait à l' automne les épis du petit mil qui avaient poussé tout seul. Ces graminées sauvage constituent aujourd'hui encore l' essentiel de la ration calorique dans les régions tropicales de l' Afrique. Le Mil pénicillaire est cultivé dans toute la bande sahélienne.L' Afrique tropicale était donc infiniment plus riche que l' Europe tempérée en plantes alimentaires de grande valeur, ce qui explique la persistance jusqu 'à nos jours de cette proto-agriculture.
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Les bétyles de Tan Khadidja.

Sur le plateau de Tadjelahine, au lieu dit Tan Khadidja, on peut observer une concentration de pierres dressées. Elles furent révélées par Henri Lhote en 1969. Elles sont toutes en grès et possèdent une forme en pain de sucre. La plus grande mesure près de 60 cm de haut. Quelques une présentent une des faces polie et légèrement aplanie.des concentrations du même type se trouvaient dans les sites de Tabelbalet en bordure de l'erg Issaouane et de Tazrouk dans le Hoggar. Dans les deux cas les bétyles étaient posés à côté d' un tumulus. Sur certains de l' ocre rouge et un pigment noir soulignent les traits d' un visage.Pour les Touaregs ces bétyles ont une origine surnaturelle. Le fait qu' ils représentent des êtres humains et soient déposés près de sépultures, comme à Tablebet et Tazrouk, pourrait indiquer un culte des ancêtres. Il y a encore peu les bétyles de Tan Kadidja étaient le lieu de dépôts.Si les bétyles de Tabelbalet de de Tazrouk ne sont plus en place, ceux de Tan Khadidja sont toujours visibles in situ.

Les Bethyles de Tan Khadija.
Les Bethyles de Tan Khadija.